Bories
I
À Pierre Oster
Voici le peuple de pierres
Qui, à l’aube, se masse peu à peu pour former une foule,
Immobile, immobile et dressée. Chacune s’accroît de son ombre
Qui avec la lumière s’éloigne du ciel bas.
Les champs de pierres dévalent la fausse pente
Du grain de leur granite ou de leur grès, sur le sommet de leur pointe, vers l’afflux de leur marée ;
Maintenant vaste et solide, immobile, seulement variable à la lumière,
Le peuple de pierres dresse la table même d’une Cène inconnue.
Les lignes d’écriture, comme une pluie calligraphiée, rongent la terre,
Rangent le monde dans un livre à écrire d’une genèse oubliée,
Tisse pour moi un manteau de laine râpeuse autant qu’épaisse et lourde
Que le berger du causse profile à mon épaule.
Ainsi vêtu, je marche dans le vent et cherche le rivage derrière le village :
L’horizon est au bout des sabots.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire